Mécontentement !

Il était bien tôt et le soleil qui commençait à éclairer de ses rayons le paysage qu'elle avait devant elle était encore bien faible. L'école était totalement calme et silencieuse et à cette heure-ci, personne ne se ballaidait encore dans les couloirs.

Postée devant la porte grande ouverte, Taciturn se tenait droite dans l'encadrure et son visage peu réveillée semblait indiquer toute sa mauvaise humeur de s'être ainsi levée aux aurores. Ses mains sur ses hanches lui donnaient un air de mécontentement très poussé et elle attendait avec impatience le retour de son élève qu'elle avait prévu de houspiller pour s'être ainsi laisser aller...

*Grrrrr, comment peut-on être aussi doué et si irresponsable avec l'âge et l'expérience de Dantes ? Mais qu'est-ce qui m'a fichu des élèves de Réliss aussi invivables ?!*

Dantes entra furtivement dans le hall de l'école. Il prit grand soin de ne pas faire grincer l'immense porte en chêne et se faufila dans l'embrasure. Totalement dégrisé de sa nuit agité, il repensait à son entretient avec Gemma Tilde. Quelle curieuse jeune fille ! Elle était... envoutante. Dantes avait conclu qu'il valait mieux l'avoir à ses côtés plutôt que de la comter parmi ses ennemis.

Plongé dans ses pensées, et convaincu qu'il ne rencontrerait personne à cette heure matinale, il faillit percuter la directrice qui semblait l'attendre de pied ferme...

"Oh ! s'exclama-t-il confu. Bonjour Dame Taciturn. Vous êtes bien matinale. J'ose espérer qu'aucun problème ne vous tracasse ? Ambre aurait-elle encore fait des siennes ? Car je ne voit qu'elle pour vous tirer du lit aux aurores ! Mais ne vous en faites pas, je me ferais un plaisir de la sermoner afin de la remettre dans le droit chemin. Vous pouvez compter sur moi !"

Les paroles de Dantes qui, d'ordinaire, auraient sans doute fait sourire la directrice si ce n'était pour lui qu'elle s'était levée, l'exaspérèrent au plus haut point.

Comme elle en avait maintenant l'habitude avec eux, elle retint sa colère et s'empressa de se calmer pour éviter de réveiller le chateau encore endormi à cette heure par ses hurlements :

"Dantes, cher ami... Si tu n'étais pas à moitié ivre, tu aurais sans doute la présence d'esprit de te dire qu'à cette heure-là, je suis bien la seule à être debout... à cette heure hum...matinale comme tu dis ! Or si Ambre avait fait des siennes, tu penses bien que Dargor, qui loge juste en dessous de votre dortoir, l'aurait bien entendu. Tu penses aussi que si elle était toute seule, elle aurait eu bien du mal à faire un scandale ! Or comme tu n'étais pas dans la tour, elle n'a pas pu s'énerver toute seule ! Bien qu'elle soit quelque peu originale, elle a tout de même besoin de repos avec l'énergie qu'elle dépense au cours de la journée. Non, tu vois bien qu'elle n'est donc pas la cause des problèmes. Si tu étais vraiment dans un état moins pitoyable, tu aurais même pu te dire que si personne n'est debout à cette heure, sauf toi qui revient de je ne sais où, et moi-même, c'est que ce n'est pas quelqu'un qui dort qui me cause des problèmes. Et enfin, tu aurais presque pu te dire que si j'étais placée au milieu du hall d'entrée, ce n'était surement pas pour quelqu'un dans l'école. En résumé, quelqu'un de l'école qui n'y était pas cette nuit et qui n'a pas dormi dans son dortoir... qui cela peut-il bien être ? Un effort, ça ne te fait vraiment pas penser à quelqu'un ?"

Taciturn calma tout son mécontentement dans ses sarcasmes et fixa alors Dantes d'un regard perçant.

Dantes réfléchi un instant mais son mal de crâne revint vite lui marteler les tempes. Il opina négligemment du chef avant de rétorquer :

"Très chère directrice, je suis dans le regret de vous annoncer que ce que vous dites n'a pas le moindre sens. Pourquoi diable une personne n'ayant pas dormi dans le dortoir de l'école serait cause de vos tracas s'il se trouve justement que tout le monde dort ormis vous et moi ? Il faudrait que la personne en question soit l'une de nous deux, ce qui me paraît incensé. Vous ne pouvez-vous tracasser vous-même, quant à moi, il se trouve justement que..."

Son coeur accéléra tandis qu'il comprenait enfin les raisons de la colère de sa directrice. Il lui adressa alors un charmant sourrire avant de lancer :

"Bon et bien, je dois aller me préparer. J'aurais aimé débattre plus longuement avec vous, mais cela ne peut se faire."

Il contourna Taciturn et s'en fut d'un pas pressé, espérant qu'elle ne l'arrèterait pas...

Taciturn soupira et renonça à s'arrêter sur le cas. A la différence de Dantes, elle était totalement en état de réfléchir et elle eut vite fait de penser que si elle ne réprimandait pas d'avantage Dantes en paperasses officielles et compagnie, elle pourrait retourner finir sa nuit et récupérer un minimum du sommeil qui lui manquait. Elle lui lança donc dans son dos :

"C'est cela, file vite avant que je ne sois complètement réveillée !"

Puis elle s'en alla à son tour. Avant de tourner l'angle du couloir, comme Dantes, encore à moitié ivre, n'avançait pas bien vite et surtout pas bien droit, elle lui lança alors qu'il n'était encore pas très loin :

"Si tu es encore en mesure de contrôler un minimum tes gestes, sois encore plus discret lorsque tu arriveras dans ton dortoir, je pense que Dargor n'apprécierait pas des masses d'être réveillé à une heure si matinale pour une vulgaire élève de Reliss qui a cru bon d'aller faire la fête, et je t'assure qu'il ne privilégiera pas son sommeil devant ta punission"

*Comme je le fais moi*

Elle s'abstint de dire ses dernières pensées à voix haute car si il le fallait, elle devait encore être en mesure d'être sévère avec Dantes et il ne valait mieux pas lui montrer trop de gentillesse, il restait élève de Réliss...

Dantes salua bien bas la directrice, même s'il n'avait pas tout à fait saisit leur sens. Puis il répondit tout bas :

"Soyez tranquille, je ne tiens pas à réveiller votre père, je serai discret. Merci pour tout ma Dame."

Puis il s'en fut pour de bon, se prenant à chanter à tue tête les fragments de chansons qu'il avait braillé la veille.

"SOUDAIN, LE SOL A TREMBLE ! SOUS LA CHARGE DES ARMEES !"

(je m'incruste un peu)

Les paroles braillés par Dantes quelques minutes plus tôt avait tôt fait de réveiller le jeune guerrier qui de mauvaise grâce s'était levé aux aurores alors que pour une fois il avait prévu de dormir un peu . Il shabilla en vitesse puis descendit et ne tarda pas à voir Dantes et Taciturn dans les couloirs . Il les salua d'un petit signe de la main et se tourna vers Dantes

"Désolé de te dire ça mais j'ai l'impression d'être à la taverne et d'entendre Borador conter les louanges de ses ancètres . "

Ce n'était pas un compliment et il se dit aussi que si le jeune homme continuait de chanter ainsi ,le père de Taciturn se lèverai aussi

"il ne m'étonnerait pas que votre père se lève aussi réveillé par cette chanson dame Taciturn "

Le sang de Dantes bouillonna dans ses veines. Il n'était pas tout-à-fait dégrisé de sa soirée, et son étrange matinée ne l'avait pas mis de bonne humeur. Impulsif de caractère, il eut une soudaine envie de rosser cet importun qui venait de l'insulter. Mais il se reprit rapidement. Décidément, la boisson avait un effet bien regrettable. Il ne se reconnu pas.

*Mon vieux Dantes, tu es pitoyable ! Kazumi a raison, tu réagis en nain ! Quelle humiliation !*

Il ne put toute fois s'empêcher de répondre sur un ton agacé, n'appréciant pas la moquerie de son camarade.

"Navré si je t'ai tiré du lit l'ami. Pour ma part, je m'y rendais justement. Il est encore tôt et je ne vois aucune obligation t'empêchant de faire de même. Si tu es fatigué, tu retrouveras facilement le sommeil. Sinon, et bien je ne vois pas en quoi ma chanson te dérange."

"Oui, à plus tard... répondit-il d'un ton morne. Et bon entraînement."

Il remonta le couloir pour atteindre le pied des escaliers en colimaçon de la tour Est qui montait à Réliss mais s'arrêta brusquement. Un entraînement ? C'est bien ce que lui avait dit Kazumi ? Il pourrait être bon d'aller l'observer car sa technique de combat l'intriguait. Puis sa tête se remit à tourner et il abandonna cette idée.
Dans son état, il ne pourrait observer efficacement quoi que se soit. Et puis il devait retrouver toutes ses facultés pour la journée qui l'attendait...