Meublé à la spartiate, la pièce s'apparentait plus à une salle d'arme miniature qu'à un bureau traditionnel. Les murs étaient couverts de boucliers, de plastrons, d'épées -longues et courtes, glaives et espadons... -, de hallebardes et d'autres haches en tous genres. Il n'y avait qu'une seule chaise en bois, dont le dossier en acacia remontait jusqu'à la nuque du guerrier, et un petit bureau sur lequel était entreposé la plus belle pièce de la collection du nouveau professeur : une étoile du matin sur laquelle se reflétait la lumière qui filtrait par la petite fenêtre. En apparence, l'arme était similaire à une masse d'arme classique, mais beaucoup lourde, et infiniment mieux équilibrée : un seul coup pouvait réduire le crâne d'un troll à l'état de charpie. Dantes l'observa un instant en se remémorant le jour où il l'avait acquise. Il n'était qu'un jeune homme à l'époque, à peine plus qu'un adolescent. Gagné par l'euphorie de l'arêne, il avait combattu comme gladiateur deux années durant lesquelles il avait entrevue ce qu'était la gloire. Les foules scandaient son nom et huait tous ses adversaires, et Dantes leur avait rendu leur respect en terrassant tous ceux qui lui avait fait face. L'homme s'arracha à ses pensées puis sorti de la pièce. Il n'aimait pas rester enfermé dans des lieux si confinés, et même la décoration totalement refaite ne lui faisait pas aimer son bureau. Aussi pénétra-t-il dans l'amphithéâtre, ou il ne tarderait pas à donner son premier cours.