A l'intention d'Ambre

Dargor avait fini par se calmer. Le manque de savoir-vivre des élèves de Réliss commençait sérieusement à lui taper sur le système. Il avait longuement réfléchi à la punition qu'il infligerait à Ambre pour s'être battu avec Dantes devant son bureau et avoir démoli la porte du dortoir. L'idée s'était alors imposé à son esprit, limpide comme une eau de source claire ruisselant le long de son lit. Son visage sévère s'était fendu d'un sourire et dès lors, il avait retrouvé toute sa bonne humeur...

Il attendait maintenant que cette insolente veuille bien avoir l'obligence de se présenter dans son bureau, comme il le lui avait ordonné dans l'après-midi.

Ambre s'empêcha, bien malgré elle, de défoncer la porte du directeur adjoint en entrant. Elle alla même jusqu'à frapper et à attendre la réponse de Dargor avant d'entrer. En revanche, être vraiment polie lui semblait sûrement trop difficile et elle frappa d'une manière un peu violente à la porte. D'ailleurs, le mot tembouriner aurait été plus exact mais comme il n'était vraiment pas dans ses habitudes de ne pas entrer dans une salle comme bon lui semblait, on pouvait s'imaginer qu'elle n'avait pas assez de pratique pour contrôler la manière de frapper à une porte.

Dargor leva la tête et se fendit d'un sourire ironique avant de prendre la parole d'un ton terriblement calme.

"A l'avenir, je te prirais d'avoir l'obligence de frapper à ma porte avec plus de douceur. Il se pourrait en effet que je jette sur le battant de la porte un sortilège pétrifiant quiconque s'y frotterait avec trop d'ardeur... Une recommandation d'ami bien entendu !"

"Pour en revenir au petit incident du début d'après-midi, sache que je me fiche bien de savoir qui de Dantes ou de toi a lancé votre jeu stupide (bien que j'ai mon idée là dessus), et je ne te demanderai même pas de te justifier. Ma clémence n'a décidément pas de limite, je suis résolument trop bon. Pour seule punition, tu devras escorter notre bon forgeron dans sa tâche. Tu manipuleras les armes à longueur de journée, cela ne devrait pas trop te déplaire, si ? De surcroît, Borador est un excellent compagnon. Tu feras donc tout ce qu'il te demande durant une semaine complète."

"As-tu quelque chose à objecter ?"

Comme Ambre s'étouffait et suffoquait après avoir entendu les paroles de maître Dargor, elle ne put faire aucune objection. Cela lui rendit d'ailleurs grand service car si elle avait eu usage de la parole à ce moment-là, on n'ose même pas imaginer les paroles affreuses qu'elle aurait pu prononcer _ou plutôt hurler_ à l'intention du directeur. Elle attendit donc qu'il la congédie pour partir, muette.

"Allons, tu peux disposer. Ne reste pas planté là comme la sotte que tu es ! Hop ! Et n'oublie pas de ne pas claquer la porte !"

Il la congédia d'un signe de la main puis se replongea dans la lecture d'un parchemin des plus intéressants.