rangement (définitif ?)

Alors qu'elle montait les escaliers du dortoir des garçons, Ambre y croisa Dantes. Il venait de sortir de son dortoir et elle put appercevoir, de la porte encore entrouverte, que la chambre de Dantes était remarquablement rangée. Elle écarquilla les yeux et lui balança, elle qu'elle lui rentrait à moitié dedans :

"Alors voilà la raison pour laquelle je m'ennuie depuis plusieurs heures, seule dans mon dortoir ? Monsieur rangeait sa chambre ? Grrrr !"

Enervée et vexée d'avoir ainsi été délaissée au profit d'un simple rangement, la jeune fille bouscula Dantes et pénétra dans son dortoir où elle entreprit de tout remettre sans dessus dessous, vidant les plumes des oreillers, retournant le lit tout juste fait et éparpillant les affaires sur le sol.

*Non mais !!*

Malheureusement, elle fut vite interrompue dans sa tâche par Dantes qui, passé le moment de suprise, s'était empressé de réagir. Il poussa un grognement qui ressemblait aussi à un hurlement bizarre et se jeta sur la jeune fille qu'il immobilisa. Le vacarme assourdissant qu'ils produisirent se répercuta dans toute la tour Est de l'école.

"C'est incensé ! Ton cerveau est plus petit que celui d'une poule ! Mais qu'est-ce qui te passe par la tête ! Tu es intenable ! Sois maudite !"

Tout en vociférant, il saisit un oreiller qu'il fracassa à maintes reprises sur la tête de la jeune fille. Les plumes s'éparpillèrent tandis que sa voix allait se perdre dans les étages inférieurs de la tour. Ambre se débattant sous sa prise, tous deux roulèrent au sol et vinrent se cogner contre une étagère sur laquelle repausait un splendide vase de cristal. Ce dernier se fracassa sur le crâne de Dantes qui, à moitié étourdit, relacha son étreinte. Ambre en profita pour se dégager et lui envoyer une claque qui résonna sur les murs de pierres. L'homme, fou de rage, se releva prestement et se jeta sur son adversaire. Leur masse percuta la porte de plein fouet qu'un courant d'air avait refermé, et le bois se rompit sous la charge. Tous deux roulèrent jusqu'à l'escalier qu'ils dégringolèrent tout en échangeant coups et griffures. Sonnés, ils finirent leur chute en bas de l'escalier en colimaçon. Dantes leva la tête ; sur la porte qui leur faisait face, un il aperçu écriteau sur lequel on pouvait lire : Dargor, directeur adjoint. Ne pas déranger."

Ambre, complètement sonnée et à moitié assonée par la chute de nombreuses marches mit quelques minutes à reprendre ses esprits. Lorsqu'elle comprit la cause de sa chute, à savoir Dantes, elle se rua à nouveau sur lui en hurlant :

"MAIS T'ES PAS UN PEU FOU NON ??? tu te rends compte ? J'aurais pu me tuer dans ces escaliers, sans compter que tu as royalement défoncé la porte du dortoir ! Non mais quel abruti ! Je n'en reviens p... !"

Voyant la tête de Dantes qui fixa quelque chose derrière elle, elle songea qu'il ne s'était pas encore remis de sa chute. Pour le réveiller, elle se dirigea vers le petit robinet qui ammenait l'eau de la fontaine à cet étage et se chargea d'en asperger Dantes. Sous l'effet de l'eau glacée, il écarquilla d'avantage les yeux et, la bouche grande ouverte, il se mit à faire de grand signe en murmurant :

"chuuuut, chhuuuut, mais chut voyons !"

Ne comprenant pas, la jeune fille se retourna en ommettant de refermer l'eau qui coulait toujours et qui avait trempé tout le sol alentour. C'est donc complètement détrempée qu'elle lut à son tour : "Dargor, directeur adjoint. Ne pas déranger."

C'est à ce moment que la porte s'ouvrit avec fracas. La silhouette menaçante du directeur adjoint se découpait dans l'embrasure de la porte, et une fois n'est pas coutume, il ne faisait rien pour masquer la sourde colère qui l'avait envahit.

Il toisa les deux jeunes gens couverts de bleus puis ses yeux se portèrent sur la marre qui s'étendait à ses pieds. Nul doute que ces deux là s'étaient encore battu, et que la joute s'était terminée en bataille d'eau. Que des évènements comme ceux-ci se produisent dans l'école était inadmissible. Mais que cela se passe dans SA tour était inconcevable. Comble de l'ironie, Dantes et Ambre avaient eu l'incroyable culot de venir se chamailler devant la porte de SON bureau. S'en était plus que ne pouvait le tolérer Dargor. Sa furie explosa, pareille à une formidable déflagration détruisant tout sur son passage. Une aura rouge sang émanait désormais du maître des sortilèges, qui ne faisait plus aucun effort pour contenir ses immenses pouvoirs. La température s'éleva brusquement de plusieurs degrés et le sorcier se redressa. Droit comme un roc, il semblait désormais dépasser les élèves d'une bonne tête et son ombre enfla pour venir recouvrir Dantes et Ambre de ténèbres.

Il s'adressa d'abord à Ambre, qui occupait la première place dans son classement des personnes qu'il détestait le plus.

"HORS DE MA VUE LARVE INSIGNIFIANTE, SI TU NE VEUX PAS FINIR TRANSFORMEE EN BLATE QUE JE ME FERAIS UN PLAISIR D'ECRASER !!!! REVIENS ME VOIR CE SOIR SANS FAUTE DANS MON BUREAU ET QUE JE NE REVOIS PAS TA SALE TETE D'ICI LA !!!!!"

Puis il s'occupa de Dantes. Comment cet homme pouvait-il se révéler un si bon capitaine, et faire preuve de tant d'immaturité en dehors des champs de bataille ? Comment s'était-il forgé la réputation d'un guerrier sanguinaire à l'esprit indomptable ? Et pourquoi, grand dieu pourquoi Dargor en avait fait son champion ? A cet instant, sa rage était telle qu'il en oubliait les services que ce dernier lui avait rendu.

"Si tu n'avais d'ores et déjà pas décidé de nous quitter, saches que je t'aurais renvoyer sur le champs. Mais que se passe-t-il dans vos misérables têtes d'humains ? Des moins que rien ! Voila ce que vous êtes. Pour la peine, tu iras nettoyer les écuries de la ville comme un vulgaire page ! Voila ce qu'il en coute d'agir en gamin irréfléchi. Et que je n'entende plus d'histoire te concernant !"